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Les deuxièmes rencontres du bioéthanol Mercredi 16 novembre 2011 Discours de clôture de Stéphane DEMILLY Député de la Somme Président du groupe d’études sur les biocarburants Monsieur le Ministre, Monsieur le Président du Syndicat National des Producteurs d’Alcool Agricole (SNPAA), Mesdames, Messieurs, L’heure est à présent venue de conclure cette matinée d’échanges. Lorsqu’il y a un an, j’étais intervenu ici-même en clôture de la première édition des rencontres du bioéthanol, j’avais émis le vœu que ces premières rencontres en appellent d’autres, et deviennent ainsi un rendez-vous régulier. Je tiens donc, en premier lieu, à remercier Bruno HOT, Président du SNPAA, d’avoir entendu cet appel et d’avoir organisé ce deuxième rendez-vous annuel du bioéthanol. Il me paraît en effet important, à intervalles réguliers, de faire un état des lieux de la filière éthanol et, plus largement, de l’avancement du plan biocarburants français. Alors, je ne vais pas me livrer à l’exercice qui consisterait à essayer de faire une synthèse de tout ce qui s’est dit ce matin. Ce serait fastidieux et cela n’apporterait pas grand-chose. En revanche, je souhaite vous livrer les réflexions que m’inspire le thème choisi pour ces rencontres 2011, à savoir « Quels enjeux géostratégiques pour quelles implications au quotidien ? ». Ces réflexions tiennent pour l’essentiel en deux mots : sécurité et volonté. SECURITE, tout d’abord. En un an, la sécurité et l’indépendance énergétiques sont devenues des interrogations et des enjeux encore plus cruciaux pour la France et pour l’Europe. C’est, tout d’abord, la terrible catastrophe de Fukushima, le 11 mars 2011, qui a suscité partout dans le monde un débat sur l’avenir du nucléaire et sur les énergies alternatives capables de prendre progressivement la relève. C’est ensuite ce que l’on a appelé le « printemps arabe », un formidable souffle démocratique pour des peuples longtemps opprimés, mais qui, par ricochet, a mis crûment en lumière la fragilité de l’Europe en matière d’approvisionnement pétrolier dès lors qu’il y a la moindre instabilité. Je pense bien sûr, en particulier, à la révolution libyenne et aux incertitudes relatives aux conséquences potentielles d’une exacerbation de la situation en Syrie. Ce sont, également, les très vives interrogations générées par la politique nucléaire iranienne, l’Iran risquant malheureusement d’être le prochain foyer de conflit au Proche-Orient, avec les conséquences dramatiques que nous pouvons tous imaginer. Ce sont, enfin, les incertitudes liées au prochain départ des troupes américaines stationnées en Irak, mais aussi au retour prévisible au pouvoir en Russie de Vladimir POUTINE, dont on connaît la propension à utiliser de façon musclée l’arme énergétique dans sa stratégie diplomatique… Oui, en l’espace d’un an, la sécurité et l’approvisionnement énergétiques sont plus que jamais apparus comme des enjeux de premier plan. Cela pose nécessairement la question
En clair, nous devons absolument relocaliser au maximum en France et en Europe nos capacités énergétiques. En faisant cela, nous contribuerons d’ailleurs à réindustrialiser nos territoires [autre débat d’actualité], car nous développerons ainsi de nouvelles filières industrielles. Pour prendre une image d’actualité liée à la crise financière, de débiteur énergétique l’Europe doit devenir, sinon créancière, du moins la plus autosuffisante possible. Dans ce contexte, la notion de « bouquet énergétique » prend véritablement tout son sens, pour reprendre la belle expression de l’ancienne Ministre de l’Industrie Nicole FONTAINE, reprise dans le Grenelle de l’environnement. Au sein de ce bouquet, les biocarburants ont, indiscutablement, toute leur place pour permettre à la France et à l’Europe de préserver ou de reconquérir leur « triple A énergétique », si vous me permettez cette expression. Cela m’amène à présent à la VOLONTE. Face à de tels enjeux, en effet, il ne faut pas avancer en cherchant à ménager la chèvre et le chou [ou plutôt en l’occurrence la chèvre et la betterave !], il faut avancer avec volonté et détermination. Ainsi, Monsieur le Ministre, mettre en place un « observatoire des biocarburants », c’est bien, et je vous en remercie car c’était une décision attendue depuis longtemps, mais l’appeler officiellement « comité d’action et de suivi pour le développement des biocarburants », par exemple, eut été mieux ! Oui, il nous faut retrouver la volonté et l’enthousiasme d’il y a quelques années, comme lorsqu’il y a cinq ans, le 13 novembre 2006, l’Etat signait résolument et officiellement la Charte pour le développement du superéthanol et s’engageait, notamment, à équiper massivement son administration en véhicules flexfuel… Un engagement, Monsieur le Ministre, qu’il n’est pas inutile de rappeler à l’heure où la commande publique de l’Etat semble avoir, depuis, pris le parti du « tout véhicule électrique »… Alors, retrouver cette volonté, c’est très concrètement avancer sur sept points précis que je voudrais lister rapidement et je sais M. Hot que vous les partagez pleinement, en tant que Président du SNPAA :
Je rappellerai, pour conclure, que le développement des biocarburants étant un mouvement mondial, ne pas aller dans cette direction c’est inéluctablement condamner très rapidement nos propres filières et ce faisant, ce qui serait un comble, ce serait nous condamner à importer des biocarburants en provenance de pays tiers. Ce serait aussi accepter, de facto, de mettre dans nos réservoirs du bioéthanol ou du biodiesel qui aura été parfois fabriqué dans des conditions douteuses voire inacceptables, ce que moi je ne veux pas, car je suis un défenseur de biocarburants respectueux des hommes, des territoires et de l’environnement. Voila, Mesdames et Messieurs, les quelques mots que je voulais prononcer en conclusion de cette matinée. Vous l’avez senti à mes propos, je suis véritablement passionné par le sujet et je pourrais en parler encore des heures, mais je ne voudrais pas être trop long. Je forme le vœu d’avoir le plaisir de vous retrouver l’an prochain pour les troisièmes rencontres du bioéthanol, et je vous remercie de votre attention. |